Durant trois mois, à l’été 2014, je fus journaliste stagiaire pour le site web meltyXtrem.fr, aujourd’hui disparu. Une formidable expérience puisque je fus notamment envoyé sur plusieurs gros évènements (dont le Swatch Girls Pro France 2014), et réalisai quelques interviews importantes par la suite, en tant que freelance. Je me souviens notamment de l’entrevue ci-dessous avec Marion Haerty, qui s’apprêtait à vivre ses premiers Mondiaux de snowboard freestyle… et aujourd’hui triple championne du monde sur le Freeride Word Tour ! Impressionnant…
En matière de snowboard, Marion Haerty est une vraie touche-à-tout. Après s’être investie dans le boardercross, la rideuse de Chamrousse a bifurqué vers le slopestyle. A la clé, une sixième place lors des Championnats du monde juniors 2012 de Sierra Nevada, en Espagne. Marion Haerty aime également le freeride, elle a d’ailleurs remporté le Freeride World Qualifier de Tignes en mars 2014. Si Marion Haerty n’a pas pu se qualifier pour les Jeux de Sochi, sa polyvalence lui permet de s’accomplir en tant que rideuse. Ce lundi 19 janvier, Marion ouvrira un nouveau chapitre snowboard dans sa vie : ses premiers Mondiaux seniors, à Kreischberg. Une compétition qui a souri à Clémence Grimal, qui remporte la médaille de bronze aux championnats du monde de snowboard halfpipe. A trois jours de ses 23 ans, Marion Haerty veut elle aussi se faire plaisir sur la neige autrichienne ! Avant de prendre part aux qualifications slopestyle, la jeune Française est revenue pour meltyXtrem sur son parcours et ses objectifs !
Marion, qu’est ce qui t’a amenée à pratiquer le slopestyle en compétition, après le boardercross ?
Je ne m’amusais plus en boardercross et je n’avais sans doute pas cette hargne d’aller plus vite que l’autre. En slopestyle, tu peux laisser aller ta créativité, faire de bonne sessions entre potes… Une fois que tu sais évoluer sur un slope, tu peux aussi exprimer ta manière de rider à travers le street ou le backcountry. Mais le boarder m’a quand même permis d’acquérir les bonnes bases pour tenir sur une planche et m’adapter à tous types de terrains.
En février 2009, tu t’es classée 6e du Festival Olympique de la Jeunesse Européenne, à Śląsk-Beskidy (Pologne). Un événement qui semble important à tes yeux...
Oui, je ne sais pas pourquoi mais cette compétition m’a beaucoup marqué. Une de mes meilleures amies y avait fait un podium, les Polonais étaient super gentils et il s’agissait aussi de l’une des mes premières compétitions à l’étranger. Il y avait beaucoup de participants, réunis pour la même passion. J’ai été contente de mon résultat, car je ne m’attendais pas à réussir un top 10.
La déception de ne pas être qualifiée pour les Jeux de Sochi fut-elle longue à digérer ?
Je ne vais pas mentir en disant que je n’étais pas déçue, c’est toujours dur de ne pas réussir à atteindre ses objectifs. Mais, d’une certaine façon, je m’y attendais. Les Jeux Olympiques, ça se prépare sur 4 ans, or je n’ai pu disposer d’un coach que 2 mois seulement avant les Jeux…. Mine de rien, cette expérience m’a beaucoup apporté pour le futur et m’a aussi appris à gérer l’échec. Après Sochi, j’ai décidé de me changer les idées, j’ai laissé la compétition de côté en explorant d’autres univers comme le freeride et le tournage d’une part vidéo, en street et en backcountry.
près les championnats du monde de snowboard junior, te voilà sur les Mondiaux seniors. Que représente cette compétition pour toi ?
Ca va être génial de pouvoir retrouver tous les copains des autres nations et des autres disciplines au même endroit, mais surtout rider un slopestyle de qualité ! C’est un événement assez renommé puisqu’il a lieu tous les deux ans, c’est donc un honneur de pouvoir y participer.
Tu y retrouveras Lucile Lefevre, que tu côtoies souvent depuis cette année…
Exactement, on peut dire que c’est ma nouvelle partenaire de ride et j’en suis très contente. Cela fait du bien de se tirer la bourre avec une nana aussi motivée et qui engage autant !
Comment se sont déroulés tes derniers entraînements à Méribel ?
Plutôt bien, même si j’aurais aimé faire plus de runs sur des grosses tables. Il était compliqué de trouver, avec le manque de neige en France, des tables qui se rapprochent de celles que l’on va retrouver aux Championnats du monde. J’ai plusieurs tricks sous la main pour cette compétition, je les choisirai selon mon feeling avec le slope !
Quels sont les moments-clés d’un run en snowboard slopestyle ?
Principalement les instants de concentration avant les tricks et leur déclenchement, mais aussi l’analyse de la vitesse entre les modules.
Tes objectifs pour ces Mondiaux de Kreischberg ?
L’objectif principal est de me faire plaisir et de profiter un maximum de cette course. Concernant les résultats, je ne sais pas encore à quelle place je peux prétendre, je n’ai pas encore vu le niveau des autres filles. Si je peux rentrer dans le top 20, ça serait top !
Les qualifications du snow slopestyle ont lieu ce lundi, quel fut ton programme de ces derniers jours ?
Avant les qualifications, il y a bien sûr les entraînements, durant deux jours, afin que l’on s’adapte et que l’on se règle sur notre run. A coté de ça, c’est également important de prendre soin de soi, de s’étirer et manger correctement.
Tu fais également du wakeboard et du skateboard. Pratiquer plusieurs disciplines te rend-il encore meilleure sur un snowboard ?
Cela peut aider à certains moments, comme te donner de mauvais réflexes. En wake, on va avoir par exemple tendance à déclencher super tôt sur les kickers. Quand je reviens ensuite sur mon snow, j’ai du mal à enlever cette habitude. Par contre je réussis à faire, en wake, des tricks que je ne sais pas faire en snowboard, et vice-versa !
As-tu les Jeux Olympiques 2018 dans un coin de la tête ?
Si tout se passe bien ces trois prochaines années et que j’arrive à atteindre le top 20 mondial, pourquoi pas ! La structure dirigée par Stéphane Azzola, que je viens d’intégrer, marche super bien, sa méthode de coaching me plaît et me fait progresser. Il sait instaurer une bonne ambiance dans un groupe, ce qui me semble important, et nous donner confiance en nous-mêmes.
En dehors des compétitions, qu’est ce qui te fait vibrer dans le snowboard ?
Beaucoup de choses ! Voyager autour de la planète, rencontrer des gens, découvrir de nouvelles cultures, aller à la recherche de nouveaux spots, être au milieu de la nature, se mettre de bonnes lignes de freeride, shreder des parks avec les copains… L’avantage du snowboard, c’est que tu ne peux jamais t’ennuyer ! Il y a toujours quelque chose à faire, c’est ce qui fait la beauté de ce sport.