Interview du photographe sportif Nicolas Peltier

Mordu de planche à voile et de mer, le photographe sportif Nicolas Peltier est passé maître dans l’art de sublimer les vagues et les riders. Résidant à Wimereux, le Nordiste s’est spécialisé dans la photo de sports nautiques, tout en travaillant comme correspondant pour la presse sportive locale. Nicolas Peltier s’est confié sur son métier-passion, dans une interview exclusive pour ce blog !


– Nicolas, peux-tu te présenter en quelques phrases aux lecteurs du blog ? 

J’ai 44 ans et je suis né en bord de mer. Je me suis mis au surf à l’âge de 7 ans et mes premières photos ont été réalisées dans l’eau (sourire). J’ai ainsi commencé la photo directement avec un boîtier étanche, en 1997, lorsque j’avais 17 ans. Bientôt 30 ans de photo donc, et presque 40 dans l’eau ! Cela passe trop vite…

– Qu’est ce qui t’as poussé à te lancer dans le métier de photographe ?

J’étais dans l’eau, je voyais de l’action, je contemplais les vagues… J’ai toujours voulu immortaliser les vagues de la Côte d’Opale. Je me suis mis à faire des clichés de tubes dès mes débuts dans la photo. Quand j’ai commencé, c’était l’époque des pellicules, avec un appareil qui n’était pas numérique. J’ai gâché pas mal de pellicule et d’argent dans le développement, mais c’était très formateur.

Crédit photo Nicolas Peltier Photographie

-Je suppose qu’avoir évolué très tôt dans l’eau a dû t’aider en tant que photographe…

Effectivement, cela m’a aidé à bien régler mon matériel, à bien me positionner et à bien estimer le temps que je pouvais passer dans l’eau. En hiver, l’eau est à 8-9° et il est impératif de sortir avant l’hypothermie. Tu dois donc calculer ton temps dans l’eau.
J’adore prendre les paysages quand je suis dans l’eau, c’est mon objectif premier. Je me sens alors comme un vrai poisson (sourire) ! J’ai pris quelques photos de windsurf dans l’eau, mais généralement je préfère immortaliser les windsurfeurs de loin. La photo aquatique est une expérience à la fois magnifique et très formatrice, par rapport à la photo de sport traditionnelle. Quand je couvre un match de football pour la presse locale, c’est facile. D’autres photographes que je croise sur le bord du terrain sont perdus quand il y a quelques gouttes de pluie, du vent, quand il fait froid… Je trouve qu’il y a pire (rires).

Un photographe sportif polyvalent

– Qu’est ce qui est le plus gratifiant et le plus spectaculaire dans la photo aquatique ?

A mes yeux, le plus gratifiant est de prendre un beau tube en photo, une belle vague bien formée, avec une belle lumière à l’intérieur. Immortaliser l’instant est le top pour moi, d’autant qu’une vague, cela ne représente qu’une fraction de seconde ! Les tubes ici sont très rapides, ce ne sont pas non plus les tubes de Tahiti… Ce n’est donc pas évident de les shooter. Cela constitue un moment magique lorsque Mère Nature nous offre un tel spectacle.

– Quelles sont les disciplines que tu couvres le plus en tant que photographe sportif ?

Ce que je couvre le plus, en collaborant avec La Voix des Sports, c’est bien sûr le football, le sport populaire. Il y a du football toutes les semaines donc cela constitue aussi une grande partie de mon activité. Je photographie également le basket, le golf, le handball… Je fais tous types de sports. J’aime bien couvrir le golf, c’est amusant et il faut vraiment faire la photo au bon moment, ce qui n’est pas toujours évident. Il ne faut pas déconcentrer le golfeur, ne pas faire trop de bruit et être bien placé. Je reste passionné par la photo de planche à voile, j’essaie d’en faire le plus souvent possible.

Crédit photo Nicolas Peltier Photographie


– Tu photographies, on l’a dit, la pratique des sports extrêmes, en particulier le windsurf. De quelle manière a-t-on fait appel à tes services de photographe, pour des évènements sport de glisse ?

J’ai fait pas mal d’années de photo, j’ai côtoyé des planchistes, des surfeurs etc., et j’ai été à force repéré par des organisateurs d’évènements, tout simplement. Le Triple King Contest 2015, à Dunkerque – qui proposait notamment le Championnat de France de Kitesurf Freestyle – est d’ailleurs le premier évènement sur lequel on m’a appelé en tant que photographe professionnel. J’étais heureux d’y participer, j’évoluais dans mon domaine, j’avais fait des photos dans l’eau et sur terre. Je me sentais vraiment bien durant cet évènement…

Nicolas Peltier, un photographe sportif mordu de windsurf

– Qu’est-ce que le windsurf représente à tes yeux, en tant que passionné de sport ? 

J’ai pratiqué personnellement la planche à voile, quand j’étais jeune, avec mes frères et sœurs. J’en ai fait à Oye-Plage, où je suis né, à une demi-heure de route de Wimereux. Je naviguais en loisir, pour le plaisir, et cela m’a ensuite poussé vers la photo de planche à voile, car je connaissais bien cette discipline.
Je fais de meilleures photos en planche à voile qu’en football, c’est certain. En foot, je me suis formé avec le temps et je shoote aussi de beaux clichés. La mer reste cependant mon terrain de jeu de prédilection, mon élément !
La planche à voile, c’est un sport fabuleux. Quand tu vois les gars rider dans des vagues de 4m, dans les tempêtes, cela reste des moments magiques à regarder. C’est spectaculaire, ils font des jumps, ils prennent des risques… Je trouve ça extraordinaire, c’est le plus beau sport qui existe sur l’eau !
Je suis ébloui de voir les windsurfeurs en action, je continue de faire de photos de planche et je ne m’en lasserai jamais.

Sylvain Bourlard en action (Crédit photo Nicolas Peltier Photographie)


Qu’est-ce qui rend le windsurf si spécial à photographier pour toi ?

En premier lieu, le windsurf n’est pas si facile que ça à prendre en photo. Quand tu dois aller sur la plage alors que la tempête souffle, il ne fait pas très chaud et souvent il pleut à verse. Je me prends des « draches », l’appareil photo ne tient pas très bien car il se prend des bourrasques de vent… Et puis, la planche à voile est un support quand même très rapide, quand tu dois immortaliser l’action il faut réagir au bon moment. Tu dois prendre une photo du bon tricks, du saut aussi. La photo où Jules (Denel) a lâché le matos en l’air n’était pas évidente par exemple, car il y avait du vent. Il faut vraiment être concentré sur le rider que tu décides de shooter, et le suivre malgré la pluie et le vent… C’est un ensemble de paramètres, de conditions pas faciles et que j’adore !

Jules Denel – Crédit photo Nicolas Peltier Photographie


-Tu interviens sur la Wissant Wave Classic, quel est ton rapport avec cette compétition ?


J’aime beaucoup cet évènement, organisé sur la Côte d’Opale avec beaucoup de planchistes que je connais depuis de longues années. C’est familial, je côtoie tous les compétiteurs et ce sont toujours de bons moments. Outre la Wissant Wave Classic, j’ai également couvert en 2024 la Storm Rider, qui avait lieu en Belgique. J’ai en outre été le photographe d’une compétition belge itinérante qui se déroulait à Wimereux. Elle se déroulait en waiting period, comme la Wissant Wave Classic, sans rider français.

– Peux-tu nous parler des prestations que tu proposes en tant que photographe sportif ?

Sur mon site Internet, on peut trouver un lien « shooting photo ». Je propose des shootings privés, je vais sur la plage et je prends en photo les athlètes.
Je propose également des impressions photos, qui concernent des paysages de mer ou des pratiquants, que ce soit des riders ou des footballeurs.
Durant la saison, je travaille également avec le Club Nautique de Wimereux. Je pars en mer et je photographie les catamarans, les planches à voile et les autres supports. Je vends ensuite via mon site Internet et en direct, via le Club Nautique de Wimereux. Je bourlingue comme ça durant tout l’été, les journées sont bien remplies et 7 jours sur 7 ! En parallèle, je travaille pour la presse sportive le week-end, s’il y a des matchs. Je n’arrête donc jamais, mais c’est la passion qui parle ! Je ne suis pas millionnaire mais j’arrive à vivre de la photo, c’est déjà suffisant. Je profite pleinement de la vie, je bourlingue en faisant des clichés sur la côte et je suis heureux.

Nicolas Peltier avec l’une de ses impressions photo (Crédit photo Olivier Merlin/ La Voix du Nord)

Un rêve de photographie sportive pour Nicolas Peltier

– Y a-t-il d’autres sports extrêmes et sports de glisse que tu aimerais immortaliser ? 

Je couvre déjà pas mal de sports extrêmes : la planche à voile, le kitesurf, le surf… Cela ne me dérangerait pas de photographier d’autres sports, même si la neige, ce n’est pas trop mon truc. Je me sens mieux en mer ou à terre ! 
La montagne est un univers très dangereux, j’ai déjà perdu pas mal de potes. La neige ne me donne donc pas envie, je préfère le soleil et la chaleur.

– As-tu d’ailleurs des rêves en matière de photographie sportive ?

Prendre les photos de champions de windsurf, mais aussi et surtout vivre l’aventure des Jeux Olympiques. Si j’arrivais à y entrer en tant que photographe, ce serait vraiment magnifique. Il n’y a pas beaucoup de sports nautiques, mais ce serait vraiment un rêve d’être photographe officiel. Ce serait une belle récompense, pas évidente à concrétiser mais j’aimerais beaucoup participer aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028. J’ai essayé de candidater pour Paris 2024, en passant par La Voix des Sports, mais il y avait déjà d’autres photographes sur la liste. Certains de mes collègues ont d’ailleurs été sélectionnés. Mais tout est possible, j’arrêterai la photo quand je serai mort !



– Qu’est-ce qui t’attend pour cette saison 2025 ?


La saison va débuter en avril avec les Clubs Nautiques et les impressions photos. Concernant les shootings photos, j’ai déjà pas mal de shootings prévus, notamment pour des photos de famille ou liées à l’immobilier. En planche à voile, les shootings se font un peu selon les conditions de vent, je ne peux donc pas trop planifier. Je compte par ailleurs recontacter la ville de Dunkerque, il y a en principe un championnat de France de Kite Mountainboard qui doit se tenir en mars 2025. J’aimerais également mettre en place des expositions photo.
Je vais en outre continuer à travailler avec la presse, il y a environ trois à quatre matchs par week-end, voire même dans la semaine. Souvent on m’appelle à la dernière minute mais j’aime bien, mes photos sont souvent meilleures !

As-tu des conseils à donner à ceux qui aimeraient vivre de la photo ?

Il faut toujours aller de l’avant et foncer. Bien se former peut prendre des années, il convient donc de ne jamais baisser les bras. Plus tu fais de la photo, plus tu t’améliores, comme en planche à voile. Tu vas progresser au niveau des réglages et l’œil se développe au fil du temps. A force de progresser et de photographier, tu pourras être repéré. Il faut vraiment foncer pour réussir, croire en soi et commencer la photo dans le domaine qui nous plaît le plus. Me concernant, j’ai commencé dans l’eau, je me suis formé dans la photo aquatique et on m’a ensuite repéré. C’est une belle récompense.

Retrouvez le site Internet de Nicolas Peltier à cette adresse : https://www.nicolaspeltier.com/

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Nicolas Peltier avec son caisson étanche (Crédit photo Coraline Foveau)

Nicolas Peltier en action lors de l’épreuve AFF Wimereux 2023 (Crédit photo Arthus Boniface)


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