Créée il y a près de 80 ans, la Fédération Française de Ski Nautique et de Wakeboard (FFSNW) traverse actuellement des remous. Les riders sont dans un flou artistique, et pour cause. Le caractère de haut niveau du wakeskate câble et du wakeboard bateau n’est en effet plus reconnu par le Ministère des Sports.
« L’un des trois critères suivants doit être respecté pour qu’une discipline sportive soit reconnue de haut niveau :
– si elle est discipline olympique : elle est alors automatiquement reconnue comme de haut niveau. Cela ne concerne aucune discipline de la FFSNW.
– si les championnats du monde regroupent plus de 30 nations : la condition d’universalité est satisfaite ;
– si 19 à 30 nations sont en lice aux championnats du monde : les sportifs français doivent alors figurer parmi les 4 premiers », rappelle Jean-Marc Godet, père d’Aurélie Godet, ancienne athlète de haut niveau en wakeboard.
En Wakeboard bateau, il y avait bien entre 19 et 30 nations aux Mondiaux 2024, mais la France ne s’est pas classée dans les 4 premiers pays.
Une situation qui perdure depuis les 4 dernières éditions (2017,2019,2022 et 2024), soit 8 ans . De quoi entraîner un retrait logique, pour le wakeboard bateau, de la reconnaissance de haut niveau. Une reconnaissance qui n’aurait, selon Jean-Marc Godet, même pas du être octroyée à cette discipline pour la période 2021-2024.
Pour le wakeskate câble, la situation est encore différente : pour Jean-Marc Godet, la discipline n’aurait jamais dû être reconnue comme de haut niveau, n’ayant jamais respecté aucun des 3 critères. Là encore, le retrait de la reconnaissance est logique.
« Dans les faits, reprend Jean-Marc Godet, cela ne changera pas grand-chose pour les athlètes dans leur accompagnement sportif vers la trés haute performance, tellement il est homéopathique.»
La colère d’Aurélie Godet envers la Fédération Française de Ski Nautique et de Wakeboard
La situation a, toutefois, provoqué la colère d’Aurélie Godet (championne d’Europe 2021, médaillée de bronze 2022 aux championnats du monde Cable Wake en Thaïlande), qui a réagi le jeudi 27 février sur ses réseaux sociaux.
« En l’état, le nombre moyen de nations en compétition permet en principe la reconnaissance de haut niveau de [la discipline du wakeboard bateau], mais pour cela la France doit finir dans le top 4.
Un objectif totalement réalisable… si une féminine était sélectionnée ! Or, aucune n’a été envoyée (depuis les quatre dernières éditions, ndlr).»
Résultat ? Un classement insuffisant, qui entraîne la perte de reconnaissance.
Une situation qui interroge Jean-Marc Godet sur la volonté de la Fédération de coller au plus près aux directives ministérielles en matière de public cible, ici les féminines.
Aurélie Godet précise : «J’avais proposé ma candidature à Patrice Martin (président de la FFSNW, ndlr). C’est donc bien la Fédération qui porte la responsabilité de cette perte de reconnaissance. Erreur de gestion ? Désintérêt total ? Ou volonté délibérée ? Il va falloir des réponses », conclut la championne.
La Fédération Française de Ski Nautique et de Wakeboard obtient la reconnaissance de haut niveau pour le para-wakeboard
Pour ajouter à ce flou artistique, le Ministère des Sports a octroyé la reconnaissance de haut-niveau au para-wakeboard, discipline qui ne respecte pourtant aucun des critères.
« La discipline est l’enfant pauvre de la Fédération», énonce Jean-Marc Godet. Celui-ci argumente : « Il suffit de lire le texte de référence en matière d’accompagnement vers la performance, pour s’apercevoir que le para-wake n’est pas projeté à devenir discipline de haut niveau !»
Hypothèse plausible et soulevée par Jean-Marc et Aurélie Godet : un avis motivé rendu par l’Agence Nationale du Sport. L’Agence peut en effet se prononcer, par avis motivé, sur une possible reconnaissance de haut niveau d’une discipline, en dehors des 3 critères précités. C’est toutefois le Ministère des Sports qui reste décisionnaire in fine.
« Il faut cependant un dossier solide et que la discipline soit déjà bien accompagnée par la Fédération depuis plusieurs années, de telle sorte qu’il soit possible d’évaluer l’universalité (relative !) de la discipline et d’avoir du recul sur la capacité de la Fédération à l’accompagner… Or, rien n’est fait en ce sens au sein de la FFSNW », martèle Jean-Marc Godet. Qui ajoute : « Le para-wakeboard n’est pas convié aux rassemblements annuels, sauf en 2023 et 2024 (pour les Championnats d’Europe et du Monde organisés à Paris), qui ne demandaient aucun investissement ! Les riders para se sentent d’ailleurs délaissés et sont furieux du traitement reçu depuis tant d’années, alors qu’ils sont un public cible ! La commission para wakeboard peu soutenue ne peut agir ! »
Quel avenir pour le para-wakeboard, au sein de la Fédération Française de Ski Nautique et de Wakeboard ?
Et Aurélie Godet de se questionner : « Maintenant que cette reconnaissance est acquise, quel intérêt aurait la Fédération à changer de stratégie et à réellement développer la discipline? »
« Si tout de même, au vu de l’état des lieux présentés, c’est bien un avis motivé qui est à l’origine de la reconnaissance du para wake, il serait bon que les détails soient connus de tous par soucis de transparence et comprendre pourquoi la commission para wakeboard n’a pas été sollicitée sur ce sujet !», conclut Jean-Marc Godet.
Une situation sensible qui interpelle sur le respect du statut de haut niveau, et qui pourrait laisser des traces dans le petit monde du wakeboard…
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Photo de Une – Rideuse : Aurélie Godet
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