A 20 ans, Mathieu Assorin possède déjà un beau parcours de windsurfeur. Champion d’Europe et champion du monde windfoil slalom en 2024, chez les moins de 21 ans, le jeune Breton s’apprête à passer chez les seniors. Un challenge qu’il compte bien relever avec panache… Mathieu Assorin, alias FRA-557, s’est confié en interview pour le blog !
-Mathieu, peux-tu te présenter en quelques phrases aux lecteurs du blog ?
Je m’appelle Mathieu Assorin, j’ai eu 20 ans en décembre 2024. J’ai débuté la planche à voile à 4-5 ans, avec mon père qui était un fan de ce sport. Par la suite, j’ai commencé plus sérieusement au Yacht Club de Carnac, quand j’avais 9 ans, avec Antoine Huet, sur mon homespot de Saint-Colomban. J’ai expérimenté le format Bic293, avec du slalom de temps en temps pour le plaisir. Je participais régulièrement à des compétitions mais je n’étais pas forcément le meilleur. Je me situais plutôt en milieu de tableau. Au terme de mes années en Bic293, je suis parti au Pôle Espoirs de La Baule. J’ai fait deux années en iQFoil Youth, cela a plutôt bien marché pour moi. A la fin de ces deux saisons, la mentalité et le format iQ ne me plaisaient plus vraiment. Je me suis réorienté vers le slalom foil, que je pratique donc exclusivement depuis 2 ans ½ – 3 ans.
-Comment s’est fait ton apprentissage du windsurf ?
Je m’en rappelle assez bien car je n’aimais pas du tout ça, quand j’étais tout petit ! J’en faisais de temps en temps l’été avec mon père, sur les plans d’eaux faciles. Un jour, il m’a poussé dans une vague à Saint-Co, et j’ai eu ma première sensation de planning. Depuis ce jour-là, je n’ai jamais arrêté de naviguer ! J’ai eu un déclic, avant je détestais ça…
-De quelle manière ton père t’a-t-il aidé à réaliser tes rêves ?
Il faut savoir qu’initialement, nous ne venons pas de Carnac mais de région parisienne. Mon père a débuté la planche sur l’Etang de Thau (lagune située en Occitanie, ndlr), assez jeune. Je pense que le fait que je m’investisse énormément dans la planche, et que j’aime ça, l’a motivé à me soutenir. Depuis que j’ai commencé ma carrière, il n’a dû rater que cinq régates. Il était présent avec moi sur toutes les Coupes du monde, en équipe de France iqFoil… Il venait partout. Mon père a vraiment été un moteur extrêmement fort pour moi. De mes 9 ans à la finale PWA Jeunes à Miami, il a été là.
C’est une passion que je partage avec lui et il met un investissement dingue. Je ne peux que le remercier.
Une formidable saison 2024 pour Mathieu Assorin
-Tu as accompli une superbe saison en 2024, avec deux titres de champion d’Europe et de champion du monde de windfoil slalom, dans la catégorie U21.
Que représentent ces titres internationaux à tes yeux ?
Cela a commencé par le championnat d’Europe en Croatie, en juin 2024. Avant de m’y rendre, je n’avais pas trop de repères. Je ne savais pas trop où je me situais par rapport aux windsurfeurs des autres pays. Dès les premiers jours de compétition, j’ai réussi à naviguer simplement, comme je savais le faire. Cela a vraiment été une belle semaine. Je ne pensais pas forcément y aller pour la gagne, mais quand j’ai vu que j’étais bien parti, j’ai poussé un gros « ouf » de soulagement. Il n’y a pas tant d’évènements slalom foil chez les jeunes dans une saison, j’étais donc content de gagner le premier.
Devenir champion d’Europe ou champion du monde n’arrive pas souvent, dans une vie de sportif. Ces deux titres ont facilité ma communication, ainsi que ma recherche de sponsors. Les marques ont eu alors une vision différente de l’athlète que j’étais.
Deux mois après le titre de champion du monde, j’ai donc fait une vidéo avec un ami, qui résumait toute la saison 2024 et ma vie de planchiste. Quand je vais voir une entreprise avec cette vidéo, cela aide incontestablement.
– Quelles images marquantes conserves-tu des compétitions en 2024 ?
Je garde un fort souvenir de la PWA en Turquie, la troisième manche de Coupe du monde de cette saison. Nous avons eu de superbes conditions pendant une semaine, c’était vraiment incroyable et j’ai pu découvrir un pays que je ne connaissais pas. Les gens là-bas sont formidables, l’organisation était super. Le premier jour, j’avais fait une journée parfaite en remportant toutes les manches. Le deuxième jour, j’ai fait une allergie qui n’était pas trop bien placée, et ça a été un peu difficile de se remettre dedans pour les trois jours de compétition restants. Je ne voyais rien en naviguant, j’ai dû rester concentré mentalement et je suis content d’avoir réussi à le faire. J’ai terminé deuxième et c’était une belle satisfaction.
– Comment pourrais-tu te définir en tant que rider ? Quels sont tes points forts ?
Je sais que depuis tout jeune, je n’ai jamais été le meilleur dans le vent fort ou le petit temps. Je suis quelqu’un de polyvalent, j’ai de la chance pour ça. Je sais naviguer et je sais rester placé peu importe les conditions. J’arrive par ailleurs à demeurer constant, et je pense que cela a vraiment fait ma force ces dernières années. Je ne fais jamais quatre manches de 1Er et une manche de dernier, par exemple.
– Comment concilies-tu études, entraînements et compétitions ?
J’ai arrêté les études après le bac, avant la saison 2024, pour pouvoir me consacrer pleinement à la planche à voile. J’ai beaucoup travaillé en intérim toute la saison dernière, jusque fin août, pour gagner de l’argent. Depuis fin août 2024, je ne travaille plus, hormis à quelques reprises avec mon père, dans le bâtiment. Cette saison 2025 marque aussi la fin de mes années jeunes et le passage en seniors, avec les grands. Je ne suis pas le plus grand ni le plus lourd, j’ai un grand travail à faire en musculation en parallèle des compétitions.
Je suis donc content de pouvoir me consacrer uniquement au windsurf.
Avant la saison dernière, durant l’hiver, j’ai eu une grosse baisse de motivation, je n’avais plus trop envie d’aller à l’eau ni d’aller à la salle. Je pense que le fait d’avoir accompli une super saison 2024, et de repartir dans une dynamique 100% planche et haut niveau, m’a remotivé. J’ai vraiment hâte de faire les étapes avec les grands !
Mathieu Assorin et la légende Björn Dunkerbeck
-Certains riders t’ont -ils d’ailleurs fait rêver quand tu étais tout jeune ?
Quand j’étais jeune, j’étais vraiment fan de Björn Dunkerbeck ! Je n’ai jamais vraiment suivi la vague ou le freestyle, je suis toujours resté dans les disciplines de slalom. Björn et ses 42 titres de champion du monde, cela me paraissait surréaliste. Il est impressionnant, je l’avais croisé lorsque j’étais petit, à l’occasion de la PWA à La Torche. Je faisais 1m10, lui 2m… J’étais fan du personnage, outre le rider !
-Y a-t-il aujourd’hui des windsurfeurs avec qui tu te sens proche ?
J’ai la chance d’habiter à 15 minutes de Carnac, donc pas très loin d’Alexandre Cousin (champion de France Funboard Slalom 2021, ndlr). Depuis que j’ai 9 ans, je le vois naviguer. Je vois naviguer Delphine Cousin (sœur d’Alexandre et ancienne championne du monde PWA Slalom, ndlr), je vois naviguer Antoine Questel… C’est un privilège de pouvoir tirer des bords avec eux, depuis tout petit. C’est incroyable ! Quand j’avais 11-12 ans, ils venaient me voir pour me donner des petits conseils, me dire quoi faire etc. Maintenant, je vais régulièrement m’entraîner avec Alex, ainsi qu’avec Victor Delerue qui est souvent présent. On navigue quasiment toujours ensemble tous les trois. Gaspard Carfantan et son frère Octave viennent de temps en temps avec nous. Nous avons un beau terrain de jeu, la Baie de Quiberon est splendide. On a de quoi vivre de belles sessions !
– Quelle préparation physique suis-tu actuellement ?
Quand je suis arrivé au Pôle Espoirs de La Baule il y a trois ans, j’étais assez léger. Je faisais entre 60 et 65kg. En un an, alors que j’abordais l’iQ Youth, j’ai pris 10 kilos et j’ai grimpé à plus de 70kg. J’étais monté à 75kg ces dernières années. Depuis 1 an ½ j’avais arrêté la muscu, je n’en avais pas forcément besoin chez les jeunes. J’arrivais à aller vite alors que je n’étais pas le plus lourd, je compensais notamment avec ma technique. Vu que je passe aujourd’hui chez les grands, je m’astreins à cinq séances de musculation par semaine. J’essaie de naviguer le plus possible, généralement trois fois par semaine.
C’est un rythme à trouver. J’ai commencé à m’y mettre sérieusement en janvier, physiquement c’est assez compliqué.
– As-tu recours aux services d’un préparateur mental ?
Il faudrait que je m’y mette, beaucoup de gens m’en parlent. Je pense que c’est un paramètre à ne pas négliger, effectivement. Pour le moment, je n’ai pas fait grand-chose à ce niveau, en dehors de deux-trois sessions de sophrologie et deux-trois sessions avec un psychologue, au Pôle. Je ne suis cependant pas sûr que cela ait été utile…
-Quelles sont tes échéances sportives et objectifs pour 2025 ?
Cette saison, le championnat AFF va reprendre d’ici début avril 2025, à La Hague. La première étape PWA en Guadeloupe va suivre assez vite, il est quasiment certain qu’elle soit validée. Mon grand objectif de l’année sera le Défi Wind. C’est ma dernière année dans le classement jeunes je crois, et j’aimerais remporter cet évènement. C’est la compétition qui me tient le plus à cœur.
Au niveau visibilité, une bonne place au Défi Wind apporte bien plus qu’un titre de champion du monde. J’aimerais également participer aux trois autres étapes PWA Foil, à savoir Tenerife, le Japon et la Chine. La saison va être belle !
-Quelque chose à ajouter ?
La planche à voile était à l’origine un sport phare, dans les années 1990 et même avant. C’est quelque chose de générationnel… Aujourd’hui, la planche est moins mise en lumière, ce serait bien que les gens retournent à l’eau.
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