Interview de Romain Ferrand, le surf chevillé au corps

Mordu de surf depuis trente ans déjà, Romain Ferrand a fait de ce sport sa vocation. Après être devenu journaliste au sein du média Surf Session, Romain a lancé le podcast Impact Zone. A la clé, de nombreux entretiens avec les acteurs du monde du surf. Collaborant en parrallèle avec EUROSIMA, l’association européenne des industriels des « Action Sports », Romain Ferrand continue de graviter avec passion dans l’univers de la glisse. Il nous a accordé une interview dans le cadre du blog !

Romain, peux-tu te présenter en quelques phrases aux lecteurs du blog ?

Je m’appelle Romain Ferrand, j’habite à Anglet depuis une quinzaine d’années. Je suis originaire des Sables d’Olonne, en Vendée. Je suis passionné de surf depuis que je suis tombé dedans à l’âge de 12 ans. Très rapidement, j’ai voulu devenir journaliste de surf, chose que j’ai réussi à concrétiser en entrant chez Surf Session. J’y suis resté pendant longtemps et aujourd’hui je suis, après diverses expériences, encore journaliste mais de manière plus globale. Je travaille dans le marketing et la communication, essentiellement dans l’univers de la glisse autour d’évènements, de marques et d’athlètes.

D’où t’es venue cette passion pour la glisse ?

Quand j’avais environ dix ans, j’ai fait du skate et du roller quad, pendant très longtemps. J’ai eu la chance de passer tous mes étés à l’île d’Oléron. C’est là-bas que j’ai mis, pour la première fois, mes pieds sur une planche de surf. C’était en 1994 et depuis ce jour-là, le virus m’a piqué et ne m’a jamais lâché. Cela fait donc 30 ans que je surfe assidûment !

Romain Ferrand en surf trip à Bali, en 2021
Romain Ferrand en surf trip à Bali, en 2021


– Certains champions et championnes de surf t’ont-ils fait rêver plus jeune ?

Bien sûr, mon premier héros – alors que j’habitais dans la Manche, à Granville –  fut le surfeur australien Luke Egan. J’ai eu le privilège de le rencontrer à plusieurs reprises, au cours de ma carrière de journaliste, et cela a donné lieu à des beaux moments. J’ai grandi et façonné mon surf en espérant et en essayant de recopier des surfeurs de la grande époque. J’ai toujours été davantage Andy Irons que Kelly Slater. Les frères Hobgood ont également été des modèles pour moi.  

Romain Ferrand, l’aventure Surf Session



– Tu as travaillé quasiment 8 ans au sein du média français Surf Session, en tant que journaliste web et social media manager, puis rédacteur en chef du site web. As-tu quelques exemples d’interviews, de magazines, de reportages qui t’ont marqués ?

Oui j’en ai plein ! Pour l’anecdote, j’ai réalisé mon premier stage chez Surf Session alors que j’étais à la fac à Nantes, en pleine année universitaire. Je voulais vraiment pousser la porte de cette rédaction, voir à quoi cela ressemblait. J’avais été vraiment bien accueilli. Cela se déroulait en 2002. Suite à ça, j’ai fait six mois de stage dans le magazine Trip Surf, géré par les Editions Nivéales. Trip Surf était décentralisé à Biarritz, c’était l’époque où tout allait très bien pour l’industrie du surf et la presse en général. Cette expérience fut merveilleuse et m’a permis de tisser des liens et un réseau, qui ont fait que je suis entré quelques années plus tard chez Surf Session (qui avait entretemps racheté Trip Surf).
Je garde de nombreux souvenirs de reportages, c’est tout l’intérêt de travailler dans sa passion. Cela m’a fait voyager autour du monde, dans les plus beaux endroits de la planète que je n’aurais sans doute jamais visité par moi-même. En tout cas pas si jeune… Je suis parti à Tahiti, à Hawaii, en Indonésie etc, et j’y ai fait de superbes rencontres. La plus spéciale pour moi, avec du recul, c’était celle avec Andy Irons. Cette rencontre a eu lieu lors de mon premier voyage à Tahiti, mi-août 2010. Comme tu le sais Andy est décédé début novembre, c’était donc un moment qui m’a marqué. J’en ai d’autres, pas forcément avec les surfeurs les plus connus d’ailleurs. J’ai apprécié d’avoir des moments privilégiés avec le photographe Sylvain Cazenave, ou avec le photographe australien Peter « Joli » Wilson. Ils ont pris de leur temps pour me faire découvrir le North Shore à Hawaii, alors que je n’étais qu’un petit journaliste junior de surf… C’était des moments géniaux, avec des personnes que je considérais comme des stars !

Interview d'Andy Irons par Romain Ferrand, à Teahupo'o (Tahiti) en 2010
Interview d’Andy Irons par Romain Ferrand, à Teahupo’o (Tahiti) en 2010


 – Tu as également collaboré à certains projets d’édition, comme « Coup de pression » (que j’ai d’ailleurs chez moi), en 2014. Quels souvenirs conserves-tu de la conception de ce livre ?

Ce livre est parti du succès que la rubrique du même nom avait rencontré sur le site Surfsession.com, rubrique que j’avais initiée. Elle marchait très bien, nous avions compilé pas mal d’histoires sympa. L’idée est venue d’en faire un livre, avec plein d’histoires exclusives. Sylvain Cazenave était à Hawaii et m’a permis de récolter plein de témoignages, notamment ceux de Kelly Slater et de Laird Hamilton. Sylvain a accès à ces riders, quand il sonne chez eux ils lui ouvrent leur porte ! J’en profite pour le remercier une nouvelle fois pour son aide.
J’ai également collaboré, en relecture, à d’autres ouvrages plus importants édités par Surf Session. C’est un peu tordu mais j’adore la relecture (sourire) ! « Coup de pression » était un petit projet pour Surf Session, mais un projet qui comptait beaucoup à mes yeux.

Interview de Michel Bourez par Romain Ferrand, en 2011 dans le North Shore / Photo Bastien Bonnarme
Interview de Michel Bourez par Romain Ferrand, en 2011 dans le North Shore / Photo Bastien Bonnarme


Si l’on poursuit le fil de ta carrière, tu as ensuite exercé durant quatre ans au sein de Boardriders, comme Content & Social Media Manager chez Quiksilver et Roxy. Ca fait quoi de se déplacer sur le Quiksilver Pro France ou encore à Nazaré ? Comment on les vit de l’intérieur ?

Je suis effectivement « passé chez l’annonceur » comme on dit, pour de nombreux journalistes c’est un pas impardonnable. Quand je suis passé chez Boardriders, on m’a demandé de faire plus ou moins la même chose que ce que je faisais chez Surf Session. C’est-à-dire créer du contenu autour des athlètes et des évènements, mais avec un budget qui était tout autre, celui d’une grosse multinationale. J’avais couvert le Quik Pro 7 ou 8 fois avant d’arriver chez Boardriders, je connaissais donc les rouages et les coulisses de l’évènement. Le travail n’était pas si différent, il s’agissait de créer du contenu digital et pour les réseaux sociaux. On avait accès aux athlètes de manière privilégiée, en allant chez eux ou dans la zone athlètes (d’accès restreint pour les autres journalistes). Je devais notamment publier sur le compte Instagram de Quiksilver et ses 2 millions de followers… cela mettait une petite pression ! Nous publiions des stories vraiment soignées, pas faites à l’Iphone mais par une équipe de deux-trois cadreurs. Les stories étaient très éditorialisées, bien montées.
C’est quelque chose que l’on a effectivement fait sur le Quik Pro et que l’on a reproduit à Nazaré, tu l’as dit, mais aussi à J-Bay (en Afrique du Sud, ndlr). C’est d’ailleurs l’un de mes plus beaux voyages, avec pour objectif d’aller couvrir le team Quik lors de l’épreuve de J-Bay. J’ai également pu me déplacer sur le Rip Curl Pro Portugal.

Avec Taj Burrow et Johnny Gannon, en 2012 à Tahiti / Photo Bastien Bonnarme
Avec Taj Burrow et Johnny Gannon, en 2012 à Tahiti / Photo Bastien Bonnarme

Le projet Impact Zone, podcast dédié au surf

– Depuis 7 ans, tu co-animes le podcast français Impact Zone, dédié au surf. Peux-tu expliquer en quoi ça consiste ? Qu’est-ce qui t’as poussé à te lancer dans cette aventure ?

Impact Zone Surf Podcast est un autre projet-passion, que je co-anime avec Rémi Chaussemiche et Fred de Bailliencourt, qui n’est jamais loin et qui est notre ingénieur du son. Cela fait en effet 7 ans, tu as raison, je n’avais pas calculé ! C’est un projet que j’avais en tête depuis longtemps. Je l’avais ainsi proposé à Surf Session dans l’optique de prolonger des articles papier, ou mener des débats de façon audio. Je m’occupais du digital chez Surf Session, cela avait donc du sens. Le projet n’avait pas été retenu mais je l’avais toujours en tête. Arrivé chez Boardriders, j’étais désireux de continuer à créer du contenu, autre que pour les personnes du team Quik. J’ai alors songé à Rémi, avec qui je ne faisais que parler surf quand je le voyais, et Fred est arrivé très vite pour nous épauler sur le côté technique.

Le principe d’Impact Zone, ce sont des longs entretiens avec des acteurs du surf, francophones ou non-francophones, et pas forcément que des surfeurs. Nous recevons aussi des journalistes, des photographes, des cameramen… Nous prenons vraiment le temps de discuter de leur carrière et de leur histoire. Les épisodes durent en moyenne deux heures, cela peut aller jusqu’à trois heures ou plus. Nous avons aujourd’hui un peu plus de 65 épisodes mis en boîte. C’est un projet-passion qui nous éclate, c’est un privilège de pouvoir écouter ces gens qui donnent de leur temps pour nous raconter leurs histoires.
Nous avons réalisé également quelques émissions spéciales, autres que de simples entretiens. Il s’agit alors en quelque sorte de documentaires audio, je pense à l’histoire de Belharra. Nous avons également fait une émission spéciale sur Andy Irons, à l’occasion des 10 ans de sa disparition, durant laquelle interviennent Luke Egan et Peter « Joli » Wilson.

Le podcast Impact Zone en live, avec la surfeuse pro Maud Le Car
Le podcast Impact Zone en live, avec la surfeuse pro Maud Le Car

Nous avons également mis sur pied une émission spéciale pour les 60 ans de la Fédération Française de Surf, ou des émissions enregistrées en live sur des thématiques.
Ce sont par contre des projets qui prennent beaucoup de temps, et le temps vient parfois à manquer du fait de nos autres obligations professionnelles (sourire).
Dans un rythme idéal, nous aimerions proposer en début de mois un épisode classique en face-à-face avec un invité, et une émission spéciale vers le milieu du mois.

Qu’est ce qui te satisfait le plus dans cette aventure du podcast ?

A la fois de laisser le temps aux invités de raconter leur vie sans contrainte de temps. Notre ton est très cool, on demande aux gens d’être eux-mêmes et nous sommes également nous-mêmes. Tu le sais comme moi, dans la presse écrite on est souvent obligés de condenser les propos des interviewés, ce qui peut être frustrant pour tout le monde. Avec le podcast, nous n’avons pas cette contrainte.
La deuxième chose, comme je te le disais, c’est que nous vivons des moments vraiment privilégiés avec des gens que l’on choisit, et donc qui nous intéressent sur le papier.
Nous avons eu de belles histoires à raconter depuis le lancement du podcast, plein de gens n’avaient jamais pu raconter certaines des choses qu’ils nous ont confiées au micro. Des invités nous ont dit après coup que cela leur avait fait du bien de revenir sur telle période de leur vie, de mettre telle chose au clair ou de faire une petite introspection pour raconter certaines choses douloureuses.
Le prochain épisode (mis en ligne mardi 8 avril, ndlr) sera consacré à Anthony « Yep » Colas, un aventurier surf formidable dont le nom est associé aux Stormrider Guides (ouvrages compilant des centaines de spots, ndlr).

Les trois membres du podcast Inside EUROSIMA - Photo EUROSIMA/Steph Robin
Les trois membres du podcast Impact Zone : Romain Ferrand, Rémi Chaussemiche et Fred de Bailliencourt – Photo Steph Robin

Romain Ferrand, de nouvelles activités



-Tu travailles aujourd’hui avec l’entité EUROSIMA, qui est l’association européenne des industriels des « Action Sports ». Comment s’est nouée cette collaboration ?

J’ai eu la chance de rejoindre la formidable – et je le pense sincèrement – équipe d’EUROSIMA il y a un peu plus d’un an. Je collaborais avec eux depuis trois ou quatre ans via le podcast Inside EUROSIMA, axé sur les figures fortes de l’industrie de la glisse. Ils m’ont proposé de les rejoindre en tant que Responsable des Relations Presse, afin de mettre en avant leurs actions et leurs évènements auprès notamment de la presse spécialisée et de la presse sport, que je connais bien. L’activité s’est étendue à donner écho à leurs évènements via la presse professionnelle, la presse business, la presse nationale. Je suis ravi de travailler avec eux quasiment au quotidien. EUROSIMA était en outre en lien avec l’Union Sport & Cycle (USC), le plus gros syndicat professionnel de sport en France, qui voulait avoir davantage de présence en région. L’Union Sport & Cycle vient de créer la première délégation régionale, l’USCNA (pour Nouvelle-Aquitaine) et qui est portée par EUROSIMA. EUROSIMA prend donc une nouvelle dimension et j’embarque aussi dans ce nouveau projet. J’intègre ainsi les relations presse de l’USC et l’USCNA, y compris pour des évènements nationaux. Je vais mettre un pied en dehors des sports de glisse et rentrer dans l’univers du sport voire du sport business.
C’est une nouvelle activité qui me plaît bien et les relations presse me plaisent également. Raconter de la plus belle manière les histoires et les actualités des marques de surf est important, et j’essaie de le faire via EUROSIMA. En tant que journaliste, j’ai déjà été confronté à des attachés de presse qui faisaient du forcing au téléphone. J’estime que je sais ce qui plaît et ce qui ne plaît pas aux journalistes, les moments où l’on peut les contacter. Je m’appuie sur mon vécu.  En parallèle de cette collaboration avec EUROSIMA et l’USC, j’ai aussi la chance d’accompagner des athlètes ou des petites marques sur de la communication. J’ai ainsi travaillé avec Mathieu Crepel cet hiver, pour la sortie de son documentaire QIVITOQ, consacré à son retour au Groenland trente ans après. Le réalisateur est d’ailleurs l’un de mes meilleurs potes. Je travaille aussi toujours sur certains événements.
Ca fait par exemple deux ans que je participe à l’organisation du Surf Club, l’émission TV quotidienne mise en place par la Fédération Française de Surf pendant les Championnats de France. J’y suis le chef d’édition, mais aussi l’animateur depuis l’an dernier. Encore une nouvelle expérience qui s’est avérée être super sympa et très enrichissante.

Surf Club octobre 2024 avec Joan Duru
Surf Club octobre 2024 avec Joan Duru


– Que peut-on te souhaiter pour la suite ?


Tu peux me souhaiter de continuer à travailler le plus longtemps possible dans un univers qui me passionne ! J’estime que c’est une chance d’avoir réussi à mener ça à bien. Je souhaite continuer à travailler avec des gens qui m’apportent humainement, comme c’est le cas avec EUROSIMA qui est constitué de belles personnes. J’adore par ailleurs travailler avec mes copains d’Impact Zone ! J’espère que le podcast va continuer à se développer, même si l’on n’a pas le temps de pousser à fond le projet. Sur le plan personnel, d’être heureux, en bonne santé, que mes proches se portent bien et que je puisse surfer autant que je peux. C’est aussi l’avantage d’être passé freelance, cela me permet de caler mes sessions un peu comme je le souhaite !

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Crédit photo de Une : Bastien Bonnarme

Romain Ferrand avec Bruce Irons, à Barcelone en 2013
Romain Ferrand avec Bruce Irons, à Barcelone en 2013
Interview de Randy Rarick par Romain Ferrand, en 2011 à Hawaii / Photo Bastien Bonnarme
Interview de Randy Rarick par Romain Ferrand, en 2011 à Hawaii / Photo Bastien Bonnarme

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