Article « Le handisport, bientôt dans la lumière en France » ? (2015)

En mai 2015, dans le cadre de mes études à l’Institut Européen de Journalisme, j’ai réalisé un dossier consacré au handisport avec, à l’intérieur notamment, un portrait de la skieuse Marie Bochet, des interviews et un article de fond. Voici une reproduction de cet article !

Bonne nouvelle pour le handisport en France, le Conseil de Paris a approuvé, lundi 13 avril, la candidature de la capitale à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. De quoi laisser espérer prochainement de belles retombées médiatiques aux athlètes handisport français, qui évoluent dans l’ombre des valides.

Les Jeux Paralympiques, enjeu de promotion du handisport

Dans moins de 500 jours, le Brésil s’éveillera au rythme des Jeux Paralympiques de Rio 2016, qui prendront le relais des Jeux Olympiques. 528 épreuves, 178 pays et environ 4300 athlètes en situation de handicap, dont plus de 150 Français. Parmi eux, les champions de Londres 2012 Marie-Amélie Le Fur, Elodie Lorandi, Charles Rozoy et Arnaud Assoumani seront très certainement du voyage, avec une soif de reconnaissance médiatique. Plongée dans l’histoire récente des Paralympiques.

Pendant longtemps, les Jeux Paralympiques, couverts par des télévisions et journalistes du monde entier, furent superbement ignorés en France et les athlètes handisport totalement anonymes. La  « goutte d’eau » pour le handisport fut probablement atteinte lors des Paralympiques 2008, qui eurent droit en France à seulement 7 minutes de résumé quotidien sur France 3 et France 4. Au retour de ces Jeux de Pékin, l’athlète Assia El Hannouni explose au micro de RMC : « On n’a pas les mêmes droits que les athlètes valides. On est en 2008 : il faudrait que ça se bouge enfin ! (…) Qui aura le courage et le culot de vouloir faire avancer les choses ? »

Après des Jeux de Vancouver 2010 traités tout aussi légèrement, les choses vont enfin avancer grâce à une pétition, lancée juste avant Londres 2012. France Télévision accepte de renforcer son dispositif pour ces Paralympiques britanniques, avec un magazine quotidien sur France 2 et un 52 minutes sur France 3.

Mais à Londres, l’absence (une nouvelle fois) de retransmission en direct des compétitions passe mal auprès des athlètes. « Je ne comprends pas pourquoi les épreuves ne sont pas diffusées en direct sur France Télévisions (…) Quand on voit la différence de traitement entre la médiatisation des Olympiques et paralympiques, on peut quand même se poser des questions », lâche le 29 août 2012 Damien Seguin, porte-drapeau de la délégation française. Peu de temps avant ces Jeux Paralympiques 2012, un sondage de l’institut Toluna (réalisé sur 1000 personnes) donne le ton : 84 % des Français aimeraient pouvoir suivre ces Jeux à la télévision, et 66 % préféreraient avoir des émissions en direct. Au final, France Télévisions n’assurera qu’une heure de direct, pour la finale cécifoot France – Brésil sur France Ô. Dans notre pays, les paralympiques londoniens seront couverts en direct par la seule chaîne régionale TV8 Mont-Blanc (77h)… En comparaison, la télévision britannique Channel 4 aura fait 150h de live !

Les Jeux Paralympiques de Londres, tournant médiatique

Pourtant, à y regarder de plus près, Londres fut un tournant dans l’évolution des mentalités sur le handicap, y compris en France. La fabuleuse histoire d’Oscar Pistorius, athlète handisport qualifié pour les Jeux Olympiques et ovationné à Londres, les stades pleins pour des Jeux Paralympiques (2,5 millions de billets vendus, un record), des audiences intéressantes sur France Télévisions (parfois plus de 700 000 téléspectateurs lors des magazines, selon le site En Pleine Lucarne) et de belles performances sportives, voilà autant de déclencheurs d’une vrai intérêt médiatique pour le handisport.

Philippe Croizon, premier amputé des quatre membres à avoir traversé la Manche en 2010, nous le confirme en interview : « quand vous voyez la finale du 100m à Londres, où Marie-Amélie Le Fur tombe après la ligne, reste au sol et voit apparaître son nom sur l’écran géant… C’est une course d’anthologie ! Notre société change son regard sur le handicap, les médias ne considèrent plus le handisport comme anxiogène. Les gens sont prêts ! »

Les Paralympiques de Sochi 2014 ont en apporté la preuve indiscutable, avec une révélation aux yeux du grand public : Marie Bochet.

Les Jeux de Sochi, ou la reconnaissance du handisport

Changement de braquet en Russie, du 7 au 16 mars 2014. Pour ces 11e paralympiques d’hiver, France Télévisions a déroulé le tapis rouge au handisport :  60 heures de direct sur toute la durée de la compétition, en moyenne 7 heures de retransmissions quotidienne sur France 4, et trois journalistes mobilisés (Alexandre Boyon, Patrick Montel et Laurent Luyat). Ces Paralympiques seront suivis par 200 000 téléspectateurs chaque jour, 4,2 millions de Français ayant regardé au moins 15 minutes de retransmission. Cerise sur le gâteau, Marie Bochet déclenche une communication sans précédent autour du handisport d’hiver. Avec quatre médailles d’or en cinq courses, cette skieuse de 20 ans fait le tour des médias (TV, radio, presse) pendant et après Sochi. Elle sera même élue, le 16 mars, championne du week-end sur l’Equipe.fr par 76% des internautes, devant Martin Fourcade et son 3e globe de cristal d’affilée en biathlon !

Les athlètes handisport sont désormais de vrais sportifs de haut niveau, comme l’expliquait le nageur David Smetanine (double champion paralympique à Pékin 2008) au Monde.fr, le 7 mars 2014 :« Aujourd’hui, il y a plus d’entraînement, plus de sérieux, plus de suivi chez les athlètes handicapés, sur le plan technique, médical ou de la récupération, notamment (…) Le sport handicapé se professionnalise. Il manque une poignée d’années pour passer à un vrai statut professionnel. » Une dynamique qui implique le développement d’un sponsoring efficace par les  entreprises. Si certains grands groupes jouent le jeu (EDF, la Société Générale notamment), les handi sportifs sont encore bien souvent  livrés à eux-mêmes.  La désignation de Paris comme ville d’accueil des Jeux Paralympiques 2024 pourrait être le chaînon manquant à cette professionnalisation du handisport en France, et à une médiatisation optimale. Réponse à l’été 2017.

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