« Le journaliste doit avoir le talent de ne parler que de celui des autres« , écrivit mon illustre confrère Philippe Bouvard, à la carrière bien remplie, comme chacun sait. Une citation qui figure parmi mes favorites, et qui trouve son terrain d’expression parfait dans l’exercice du portrait ou de l’interview !
Une « mission » que j’ai toujours adorée, tant cela permet de mettre formidablement en avant le sportif en question, surtout si on le portraitise.
J’ai rédigé assez peu de portraits dans ma jeune carrière, mais je reste fier de celui que j’ai réalisé de mon amie Marine Hunter, talentueuse windsurfeuse championne de France Vagues en 2019 et vainqueur des Wave Games en 2020.
Un portrait que j’avais intitulé « Marine Hunter, une windsurfeuse à Paris » et écrit en mars 2016 pour Vice Sports, quelques jours avant l’inoubliable Indoor de France 2016, compétition de windsurf en indoor commentée par la légende Pascal Maka et votre serviteur, en direct sur beIN Sports.

J’ai en revanche « pratiqué » beaucoup plus souvent l’exercice de l’interview, tant au cours de mon expérience de correspondant local Var-matin, dans mes différents stages que dans mes fonctions actuelles pour Wind Magazine, Kiteboarder Magazine et SUP magazine.
C’est un exercice clairement fascinant que de réfléchir aux bonnes questions à poser à un athlète, de les sélectionner et de l’écouter y répondre à l’instinct. Pour un résultat toujours extrêmement intéressant !
Ce n’est jamais évident de savoir si l’on est dans le vrai et si l’on pose les bonnes questions ; cela met même une certaine pression sur les épaules car nos questions vont conditionner la réussite de l’interview… bien que le mérite en revienne entièrement à l’interviewé, à mes yeux !
J’ai néanmoins déjà eu quelques instants « de gloire » (un mot à prendre avec des pincettes) après une interview, notamment en 2018 en Bretagne. J’ai déjà raconté l’anecdote dans cet article consacré aux Wave Games 2018, mais je me permets de me répéter. Tout partit d’une entrevue totalement improvisée avec le windsurfeur marseillais Patrick Vigouroux, qui s’était fort bien passée. Le rider m’envoya à la parution de l’entrevue un message qui disait : « Vraiment parfait ! Merci !! Tu as transcendé et clarifié mes réponses à merveille. Je pense que je vais te confier la rédaction de mes prochains SMS quand je tenterai d’éviter un repas de famille pour une journée ventée ou toutes autres situations de négociation difficile ! » Cela m’avait bien fait sourire et m’avait rempli de joie !

Loin de moi l’idée de tomber dans l’auto-satisfaction ou de « prendre le melon » , je suis au contraire quelqu’un de trés exigeant envers lui-même. Mais l’interview est un art captivant, d’autant que les sportifs de l’extrême ont généralement beaucoup de choses à dire !
C’est donc assez jouissif de mener une entrevue en face-à-face avec l’un d’eux/l’une d’elles, et d’avoir le sentiment de la réussir. En même temps, l’interview est un art assez délicat car l’on évolue un peu sur un fil. Il suffit de poser une mauvaise question pour prendre le risque de casser l’alchimie, le feeling, la confiance nouée avec l’athlète en face de nous (au téléphone ou en visio, cela fonctionne bien sûr également).
J’ai du mal à spontanément dégager une interview qui m’a plus marqué que les autres ; toutes les entrevues que j’ai pu réaliser en face-à-face furent spéciales : Anais Caradeux, Nelly-Moenne Loccoz, Xavier de Le Rue, Loic Collomb-Patton, Anne-Flore Marxer ou encore celles réalisées avec les meilleures surfeuses françaises durant le Swatch Girs Pro France 2014, à Seignosse.
Je me souhaite cependant juste une chose : réaliser encore de nombreuses interviews, mon challenge préféré, afin de parler encore longtemps du talent des sportifs de l’extrême !